Biographie

Patricia Denimal est née à Calais dans une famille qui fait dans la dentelle. A 5 ans elle apprend le piano, à 15, brièvement, la harpe et sort du conservatoire à 20 avec un prix de musique de chambre.
A 12 ans elle fonde sa 1ère troupe de théâtre.
Pendant ce temps elle dessine partout, façonne des figurines avec la terre du jardin, qui se délitent dans le four de la cuisinière, sculpte des morceaux de bougie sous son pupitre en classe.
Son choix d’étudier des langues qui n’existent plus l’entraîne jusqu’à une licence de lettres classiques. Premières vraies expériences de céramique à 21 ans. Dès lors plus question de faire autre chose dans la vie que d’avoir les mains dans la glaise. A 22 ans elle découvre le tournage chez les Pierlot à Ratilly.

Le plaisir du geste lui fait presque oublier pendant 15 ans qu’elle était venue pour modeler.

La voilà donc potière. Elle émigre dans le sud-sud-est de la France et concocte des tas de recettes de glaçures à base de cendres pour le grès et la porcelaine. Pour faire exulter l’émail, elle en arrive à des formes de carapaces. Fatal : les carapaces se transforment en insectes qui se dressent comme des guerriers en armure. Les dures exigences de la haute température en font bientôt une armée en déroute.
Alors, adieu l’ascèse. Une fois défroquée, elle se livre corps et âme au raku, et même, plus tard, à la cire perdue… L’époque est faste, la vie légère, les guerriers gardent un temps un prétexte de carapace inspiré des reliquaires africains, mais qui se cambrent ou se déhanchent sur leur pied étroit, à la limite du déséquilibre.

Puis la vie fait que les sculptures se densifient, s’humanisent. L’émotion s’exprime parfois plus crûment. La figure animale reste toutefois présente. Les insectes ont fait place aux reptiles, batraciens et oiseaux.

A partir de 1999, période de repli et de remise en question. Elle explore d’autres voies. D’une formation à l’animation d’ateliers d’expression dans les ateliers de L’Art Cru, à la création de lithophanies de porcelaine (avec le peintre Guy Boulze), en passant par un emploi en institution, les œuvres se font plus rares et se montrent de préférence à l’atelier.

En 2005 elle replonge corps et âme dans la sculpture. Elle se surprend alors à façonner des portraits…de gens qui n’existent pas. Sa pratique théâtrale et son travail de sculpture se nourrissent l’un l’autre. La maturité aidant, peut-être, elle s’autorise à concevoir le moins possible au préalable, à ne plus rien dessiner. Ses créatures commencent par une tête et c’est l’expression qui émerge sous la pression des doigts qui guide la suite. Certaines prennent corps. Hybrides ou pas. La chimère n’est jamais loin.